Les difficultés du permis moto : le stress avant tout, la relation avec la moto-école ensuite !


Nous avons demandé à ceux qui viennent d’obtenir leur permis moto de nous livrer leur expérience ainsi que leurs secrets de réussite aux épreuves. Sans surprise, le stress de l’examen arrive toujours en tête, suivi de la mauvaise relation avec la moto-école, un phénomène croissant. En pratique, l’épreuve du plateau est toujours redoutée pour ses demi-tours ou pour l’exercice du lent.


Vous préparez votre permis moto A2, voici les expériences de ceux qui viennent tout juste de le réussir. Nous avons demandé à une petite dizaine de candidats au permis moto leur ressenti sur cette expérience et les secrets de leur réussite. Sans surprise, le stress arrive en tête pour les deux épreuves pratiques du plateau. Ensuite, il est important, d’après eux, de choisir une bonne auto-école qui saura vous pousser au meilleur de vous-même. Ne restez pas dans un centre qui ne vous convient pas. Le premier réflexe est de croire que cela va coûter plus cher, mais ce n’est pas forcément le cas. Comme le montrent certains témoignages, une bonne relation avec le moniteur et une bonne ambiance favorisent la réussite.
Évidemment, une expérience préalable (comme la pratique d’une 125 ou du moto­-cross) est un facteur de réussite supplémentaire.
Bonne nouvelle au final, peu importent l'âge, la corpulence ou l’expérience, tout le monde peut obtenir le permis moto, la seule condition étant de faire les bons choix.

Benjamin, 29 ans, 100 kg pour 1,91m : trop grand pour le lent !

«  J'ai obtenu mon permis moto en novembre 2022 en Gironde (33) et il m'a coûté 1 300 €  pour 30 heures en tout : un forfait 20 heures à 900 € puis un forfait 10 heures à 400 €. C'était une petite auto-école où le patron était seul et donc également le moniteur. J'apprenais parfois seul, on pouvait être jusqu'à deux par cours. Le moniteur faisait une à deux démonstrations pour nous montrer. J'assimilais bien chaque fois, car il avait une bonne pédagogie. Cela m'a pris un an au total (le code moto et le plateau en six mois). Pour la circulation, 5 heures en trois semaines. Je n'ai éprouvé aucune difficulté pour apprendre le code moto, juste une question de temps et de motivation pour réviser. Mon seul problème a été le plateau, plus précisément le lent. Je n'arrivais pas à entrer dans le bon timing. Pour y arriver, j'ai dû faire corps avec la moto. Bien serrer les cuisses contre le réservoir n'était pas naturel à cause de ma grande taille. J'ai réussi en croyant en moi. Dès lors qu’on a la volonté, rien n'est impossible. J'ai appris sur une Yamaha MT-07 et ma première moto a été une Kawasaki Z650 bridée A2. »


Bruno, 41 ans, 54 kg pour 1,63 m : le tenace!

« J'ai obtenu mon permis le 1er septembre 2022, cela m'a pris un an. J'ai passé mon code en candidat libre et je l'ai eu du premier coup, sans difficultés, avec 10 heures de révision. J'ai passé mon permis à Marseille (13) avec un forfait 20 heures pour 700 €, puis l'auto‑école m'a basculé sur un forfait à 1 200 € avec heures illimitées, car je faisais trop d'heures supplémentaires. Pendant les cours, nous étions quatre. Le moniteur a préféré me mettre sur un scooter pour débuter, à cause de ma taille, pour apprendre à gérer l'équilibre avant l'embrayage. Je n'y arrivais pas, je perdais l'équilibre, le système de frein (comme sur un vélo) me perturbait beaucoup. Au bout de deux leçons, j'ai insisté pour passer sur une moto car je n'y arrivais pas. Il m'a mis sur une 125, j'ai ramé aussi. Au bout d'un moment, je me suis énervé et je lui ai dit que j'avais payé pour un permis moto A2, que je voulais donc apprendre sur ce genre de moto. Il n'y a vu aucune objection mais m'a prévenu que ce serait difficile. Je monte alors sur une MT-07 de Yamaha et je m'en sors mieux. Suite à cela, je n'ai pas éprouvé de réelles difficultés pour apprendre. J'ai loupé trois fois mon plateau à cause du stress. La première fois, c'était le début de l'hiver, je voulais tellement ce permis que je me suis mis une énorme pression. J'ai fait une grosse crise d'angoisse, j'ai retenu ma respiration pendant le parcours. La deuxième et troisième fois, toujours du stress : j'ai mordu les lignes puis frotté un plot sur le parcours d’évitement. Pour la circulation, j'ai fait trois erreurs de suite à cause du stress, je n'entendais rien dans l'oreillette. Pour le gérer, j'ai pris sur moi. Ma première moto a été une Ninja 650 de Kawasaki bridée A2. »

Justine, 19 ans, 50 kg pour 1,62 m : la jeune intrépide !

« J'ai obtenu mon permis le 11 juillet 2024 en cinq mois, à Bordeaux (33). J'ai pris un forfait 20 heures pour 600 € ; avec les heures supplémentaires, cela m'a coûté 1 000 €. J’ai eu le code deux mois après l'inscription à l'auto-école. Mais je ne m'y mettais pas vraiment ; en révisant bien, en deux semaines ça aurait été plié. Le plateau a été ma hantise (30 à 35 heures ont été nécessaires). Je l'ai loupé la première fois à cause du stress et de l’angoisse. Au premier essai, j'ai dépassé le quota de pieds au sol et au second, j’étais trop rapide sur le lent. Je l'ai eu la deuxième fois. Pour le plateau, j'ai mis trois mois, le temps d'attendre entre les séances et les examens. Pour la circulation, j'ai effectué 6 heures et j'ai passé l'examen, mais à deux minutes de la fin je me suis arrêtée trop fort avant un rond-point, il y avait des graviers et mon pied a glissé. Je suis tombée et j'ai dû attendre trois semaines avant de pouvoir repasser l'examen. Je l'ai obtenu la deuxième fois. Dans le passage du permis j'ai préféré la circulation, c'était génial. Mes moniteurs étaient des crèmes et étaient très pédagogues. Toujours là pour me remonter le moral lorsque j’étais démotivée et sur le point d'abandonner. C'était un excellent suivi. J'ai appris sur une Z650 de Kawasaki A2. Nous étions quatre maximum pour apprendre en même temps. Je roule actuellement en sportive, une Ninja 400 de Kawasaki. »

Loïc 23 ans, 60 kg pour 1,70 m : le bénéfice de l’expérience !

« Je suis pratiquement né sur une moto. J'ai commencé à faire « l’étoile de mer » derrière mon père dès l'âge de 5 ans. Ensuite, j'ai fait du moto-cross entre 12 ans et 15 ans. Pour moi, le permis a été simple, je n'ai rencontré aucune difficulté. Le code était clair. J'ai appris sur une Kawasaki Z650 bridée A2 (pas mal pour un roadster). Mon auto-école se situait dans l'Aisne (02), j'ai pris un forfait 20 heures pour environ 1 000 €. Je n'ai pas eu besoin d'heures supplémentaires. J'ai toujours préféré les motos sportives, c'est pour cela que je me suis orienté sur une Honda CBR 500 RR comme première moto bridée A2. Bientôt trois ans que j'ai le permis moto et j’ai commencé la piste tout juste un an après. »

Chris, 26 ans, 60 kg 1,86 m : audace et confiance !

« Je me suis intéressé à la moto suite à une rupture. J'ai obtenu mon permis le 11 août 2021. J'ai eu mon code au premier essai sans complications. C'était la période Covid lorsque j'ai commencé, donc les délais étaient rallongés. J'ai appris sur une Honda CB500F. Ma première auto-école (en Seine-Maritime-76) n'a jamais voulu me présenter à l'examen du plateau : selon eux, je n'étais pas prêt. J'avais alors déjà dépensé 2 500 €. J'ai changé de centre pour un autre dans l’Eure (27).
Mon nouveau moniteur a passé une heure avec moi et m'a dit que j'étais prêt. J'ai appris, cette fois-là, sur une Yamaha MT07 et j'ai préféré, car je la trouvais beaucoup plus maniable, avec un meilleur angle de braquage. Concernant les difficultés, j'ai eu un peu de mal sur le lent, qui était plutôt une galère pour moi. Quand je penchais côté gauche lors du stop, je posais forcément un pied au demi-tour. Pour y arriver, j’ai dû être déterminé. Je me forçais à faire exactement les bons mouvements et à ne jamais céder à la pression et au stress, il faut les combattre. La semaine d'après, j'étais inscrit à l'examen du plateau. Je l'ai obtenu au bout de la troisième tentative (le stress pour cause d'échec à chaque fois). J'ai donc fait 6 ou 8 heures de plateau en plus dans cette deuxième moto-école. Mon permis m'a coûté finalement 3 000 €. Ma première moto après le permis a été une CBF600N de Honda bridée A2. »
 

Nicolas 34 ans, 70 kg pour 1,75 m : le rapide !

« J'ai obtenu mon permis moto en janvier 2024 et en accéléré (trois mois) en Rhône‑Alpes, pour un coût de 1 300 € (le code en un mois et réussi du premier coup). J'ai fait deux cours de 3 heures d'initiation avant le début du stage. Pour la formation, j'ai effectué 30 heures sur une semaine (18 heures de plateau et 12 heures de circulation). Je l'ai loupé deux fois à cause du stress, donc j'ai dû reprendre 6 heures de leçon de plateau. La troisième fut la bonne. J'ai dû attendre deux semaines entre chaque examen pour le repasser. Au final, j'ai fait 24 heures de plateau et 12 heures de circulation. J'avais un très bon moniteur et un bon suivi. Nous étions six par cours avec quatre pistes, c'était simple pour s’entraîner. J'ai appris sur une CB500F de Honda bridée A2. Pour le dernier jour de stage, mon moniteur avait organisé un « voyage-école » qui a duré environ 8 heures. Cela m'a permis de faire beaucoup de route, à la fois sur de magnifiques routes de campagne et de ville. J'ai préféré la circulation, j'y ai pris beaucoup de plaisir. Aujourd'hui, je roule en MT-07 de Yamaha A2. »

Sylvia, 47 ans, 70 kg pour 1,67 m : la déterminée !

« J'ai obtenu mon permis le 7 juin 2024 en Alsace, dans le Bas-Rhin. Au départ, j'ai pris un forfait 20 heures à 1 000 €. Au final, j'ai fait 45 heures. J'ai arrêté de compter l'argent dépensé, mais cela m'a coûté une fortune. J’ai obtenu le code en avril 2021 et sans difficultés, après trois semaines d'apprentissage sans accro. J'ai changé trois fois d'auto-école par manque d'encouragements et de soutien de la part des moniteurs. À la première auto-école, j'ai appris sur une CB500F de Honda. J'ai effectué 27 heures, nous étions trois à chaque cours pour une piste. J'étais souvent livrée à moi-même et il y avait de l'attente sur la piste. Le moniteur m'a proposé la formation 125 puisque j'avais trop d'appréhension sur la moto bridée A2. Je suis donc repartie avec ma formation de 7 heures en poche pour la 125. Un an plus tard, j’ai décidé de me réinscrire dans une petite moto‑école de village. Le moniteur était seul, mais beaucoup plus présent. J’ai alors constaté de réels progrès. Mais il a été contraint de fermer son école. Avec lui, j'ai effectué 9 heures de plateau et j'ai appris sur une Z650 de Kawasaki bridée A2. Pour la dernière moto‑école, je tente un centre réputé dans la région, mais je n'y crois plus. Je me dis alors qu’un si grand site, cela ne va pas le faire, mais surprise ! J'aurais dû m'y inscrire plus tôt. J'ai accroché avec le moniteur d'apparence baba cool, hyper patient, pédagogue. Enfin tout ce que j'attendais d'un moniteur : il prenait son temps pour chaque élève et lorsque nous éprouvions des difficultés, il nous faisait des démonstrations. Trois pistes séquençaient le plateau : première partie du plateau, seconde partie puis parcours entier. Mes points faibles étaient le demi-tour gauche, le demi-tour avec passager ainsi que le freinage d'urgence. Pour remédier à cela, je me suis fait violence. Il était hors de question d'échouer, alors j'ai travaillé dur. Il m'aura fallu une dizaine d'heures pour enfin réussir et prendre confiance en moi. Cette fois, j'ai appris sur une MT-07. J'ai obtenu mon plateau le 24 avril 2024 au bout de cinq essais (le stress et le manque de confiance en moi me faisaient perdre tout mes moyens) et la circulation le 7 juin, du premier coup. Actuellement, je roule sur une Honda CB500F. »

Alain, 73 ans, 84 kg pour 1,80 m : 73 ans, et alors ?

« J'ai passé mon permis moto en janvier 2024 à Agen (47), à trois mois de mes 73 printemps. Il m'a coûté 780 € pour un forfait 20 heures. J'ai appris le code uniquement par internet, avec l’impression de retourner à l'école, mais bon, les questions au code sont beaucoup basées sur la sécurité : 40 questions avec un maximum de cinq fautes. Avec un peu de concentration, ça passe tout seul : réussi du premier coup. Apprentissage sur une Yamaha MT-07. Pour ce qui est du plateau : du premier coup également. Au début (trois ou quatre leçons), on galère un petit peu, et après ça le fait, c'est pour tout le monde pareil.
Pour la circulation : réussie au premier essai. Mes petits trucs pour le plateau : rouler légèrement au-dessus de 50 km/h (53-54 km/h) et bien positionner ses pieds en mettant la pointe du pied sur le repose-pied, et surtout éviter les pieds en canard qui accrochent les plots. Mes conseils pour la circulation : bien montrer de la tête que l'on regarde constamment dans les rétros et faire très attention aux priorités, aux piétons. Il faut aussi anticiper pour s'arrêter bien avant les passages piétons. Mes 73 ans n’ont absolument pas été un problème. Je suis toujours en forme et je roule maintenant en Honda NT 650 V. »
 

Laura, 24 ans, 50 kg pour 1,58 m: la persévérance a fini par payer

« J'ai réussi mon permis moto le 7 août 2024 et obtenu le code en quelques semaines sans aucune difficulté. Le plateau, par contre, a été plus compliqué. Je l'ai obtenu au huitième essai, après 70 heures de cours. Mon parcours a donc été assez compliqué. J’ai commencé mon apprentissage sur une KTM Duke 390. Nous étions deux à trois par cours. J’ai ensuite changé d'auto-école car le moniteur moto avait démissionné. À la deuxième moto-école, nous étions très nombreux : quatre à neuf élèves pour deux moniteurs. C'était assez compliqué quand nous étions nombreux, mais les moniteurs ont toujours pris le temps avec chacun d'entre nous. Avec eux, j'ai appris sur une Kawasaki Z650 puis sur une MT-07 de Yamaha bridée A2. Je n'ai pas eu de difficultés avec ces deux motos, c'est mon stress qui m'a joué des tours. Dès que j'arrivais à l'examen, j'étais en larmes et je faisais des crises d'angoisse. Je ne sais pas gérer mon stress. Tout cela m'aura coûté finalement 5 000 € environ et un an et demi d'apprentissage. J'ai eu la circulation une semaine après le plateau et c'est l’examen que j'ai préféré. Financièrement, j'ai réussi à m'en sortir, je payais en plusieurs fois. Je n'ai jamais lâché l'affaire. Une fois le permis moto en poche, je me suis dirigée vers un roadster, plus pratique pour mon gabarit, avec une Benelli 752 S bridée A2.
Avec ma réussite au permis moto, je suis désormais super fière de moi. »

Mercredi 16 Octobre 2024
Emilie Duvieu


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